Qu'est-ce qu'un Krimi ? Quels sont ses éléments distinctifs ? A-t-il eu une vie en dehors d'Edgar Wallace ? Quels titres relèvent-ils du genre ? Autant de questions auxquelles nous allons tenter d'apporter une réponse...L'écrivain britannique
Edgar Wallace (1875-1932) a connu un succès international avec ses très nombreux romans policiers qu'il rédigea durant une trentaine d'années. En France, par exemple, une bonne partie de sa production fut traduite avant-guerre. Il était normal que le cinéma s'y intéresse, à commencer par son propre pays, dès les années 1910. Le Grande-Bretagne connut deux grandes périodes «wallaciennes», l'une dans les années 20/30, l'autre, à très petit budget et tirant plutôt sur le film noir, au début des années 60. L'Allemagne s'y mit aussi, et plusieurs adaptations furent tournées entre 1927 et 1934, préfigurant le genre qui nous occupe ici.
Il fallut toutefois attendre 1959 pour qu'une maison de production danoise, la
Rialto, propose au marché allemand de nouvelles adaptations de l'oeuvre de Wallace, à partir de
La Grenouille attaque Scotland Yard. Le succès fut tel que plusieurs dizaines de ces films furent tournés jusqu'au début des années 1970, la Rialto conservant la quasi-exclusivité du corpus Wallacien. D'abord en noir et blanc, puis en couleurs dès 1966, ils étaient surnommés «Krimis», abréviation de «Kriminalfilm». Il faut exclure de cet ensemble les films inspirés par un autre héros de notre écrivain, Sanders, qui relèvent avant tout de l'aventure.
Il s'agissait d'un mélange de détection (prenant quasiment toujours la forme d'un
Whodunit), de thriller et d'épouvante. En effet, le gothique était très souvent à l'honneur, dans des décors de châteaux et de manoirs, alors que les assassins, mystérieux et masqués, usaient de méthodes assez horribles pour tuer leurs victimes. La plupart du temps, un inspecteur de Scotland Yard - car l'action se déroulait immuablement en Angleterre, de préférence à Londres - enquêtait sur des crimes commis par des tueurs en série ou des organisations criminelles, et sauvait à la fin la belle héroïne, souvent héritière en péril.
A la réalisation, Harald Reinl et surtout Alfred Vohrer s'attribuèrent la part du lion. Côté acteurs, les spectateurs retrouvaient souvent les mêmes têtes, dans le même type de rôle. Les sémillants inspecteurs du Yard étaient surtout joués par Heinz Drache et Joachim Fuchsberger, les innombrables suspects à l'apparence louche par Werner Peters, Pinkas Braun, le cher Christopher Lee ou le très inquiétant Klaus Kinski, les ravissantes héroïnes par Karin Dor quand son mari Reinl étaient aux manettes (ou par toute une génération de ravissantes actrices, Uschi Glas en tête), alors que les inévitables personnages comiques - indissociables du krimi - revenaient avant tout à Siegfried Schurenberg en pompeux chef de la police et à l'omniprésent Edi Arent pour toutes sortes d'individus excentriques et ridicules, du majordome à l'officier de police.
Au cours des années 60, il y eut quelques rares co-productions avec la Grande-Bretagne, avec des comédiens des deux pays et des réalisateurs anglais. Aux alentours de 1970, pour réduire les coûts, les films furent alors tournés en Italie, avec des réalisateurs du cru, et là aussi une distribution mêlée : les tueurs à l'arme blanche étaient désormais privilégiés, alors que tout humour se retrouvait banni. Le Giallo, qui s'était inspiré du Krimi à ses débuts, finissait donc par le phagocyter...
Face à ce succès, d'autres maisons de production voulurent aussi profiter de la mode et cherchèrent des alternatives à Wallace. La
CCC Film eut l'idée d'adapter l'oeuvre du fils d'Edgar,
Bryan Edgar Wallace, écrivain du même style que son père mais notablement moins connu. Une poignée de films fut ainsi tournée, à partir de 1961, très proches du modèle paternel, avec des acteurs parfois différents, Hansjorg Felmy remplaçant ainsi Drache et Fuchsberger. Pour l'anecdote, les distributeurs créditèrent B.E.W. pour le giallo de Dario Argento,
L'Oiseau au plumage de cristal, mais le réalisateur assura par la suite que son scénario était adapté d'un roman de Fredric Brown.
Mais le Krimi eut d'autres sources d'inspiration : l'auteur local Louis Weinert-Wilton, par exemple, qui eut l'honneur de quatre films. Le britannique
James Hadley Chase, popularisé en France par la «Série Noire», n'en eut que deux, en étant large; son compatriote
Francis Durbridge deux également. Le
Docteur Mabuse, création de l'allemand
Norbert Jacques et immortalisé par Fritz Lang à l'écran, eut également le droit à sa série, très proche dans l'esprit de la production wallacienne. Et il y eut évidemment un certain nombre de longs-métrages bénéficiant de scénarios originaux mais qui sont, il faut l'avouer, tombés dans l'oubli.
En revanche, il paraît difficile d'inclure dans notre genre les deux séries que sont le
Komissar X (avec Tony Kendall et Brad Harris) et
Jerry Cotton (joué par George Nader), qui ne jouent ni sur le whodunit, ni sur le gothique, mais plus sur l'action, voire sur l'aventure. Par ailleurs, l'Allemagne connut aussi des parodies de l'oeuvre de Wallace. Mais la seule réelle survivance du Krimi fut apportée par la télévision, qui proposa un certain nombre de téléfilms dans les années 1990/2000, où, cette fois, le rôle de Sir John, chef de la police dont la suffisance n'était égalée que par son incompétence, était repris par nul autre qu'Edi Arent, incontournable clown blanc des krimis classiques.
[réal. Harald Reinl]
) [réal. Jürgen Roland]
[réal. Karl Anton]
[réal. Harald Reinl]
[réal. Jürgen Roland]
) [réal. Alfred Vohrer]
[réal. Ákos Ráthonyi]
[réal. Harald Reinl]
[réal. Josef von Báky]
) [réal. Helmut Ashley]
[réal. Alfred Vohrer]
[réal. Alfred Vohrer]
[réal. Franz Josef Gottlieb]
) [réal. Alfred Vohrer]
[réal. Franz Josef Gottlieb]
[réal. Alfred Vohrer]
) [réal. Harald Reinl]
) [réal. Franz Josef Gottlieb]
[réal. Alfred Vohrer]
[réal. Freddie Francis]
[réal. Alfred Vohrer]
[réal. Harald Reinl]
) [réal. Alfred Vohrer]
) [réal. Cyril Frankel]
[réal. John Llewellyn Moxey]
[réal. Alfred Vohrer]
[réal. Alfred Vohrer]
[réal. Alfred Vohrer]
[réal. Alfred Vohrer]
[réal. Alfred Vohrer]
[réal. Alfred Vohrer]
[réal. Riccardo Freda]
[réal. Jesus Franco]
[réal. Harald Philipp]
) [réal. Duccio Tessari]
[réal. Massimo Dallamano]
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[réal. Werner Klingler]
[réal. Harald Reinl]
[réal. Edwin Zbonek]
[réal. Paul May]
[réal. Franz Josef Gottlieb]
[réal. Franz Josef Gottlieb]
[réal. Edwin Zbonek]
[réal. Jesús Franco]
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) [réal. Alfred Vohrer]
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) [réal. Harald Reinl]
[réal. Harald Reinl]
) [réal. Franz Josef Gottlieb]
) [réal. Rudolf Zehetgruber]
[réal. Fritz Lang]
) [réal. Harald Reinl]
[réal. Harald Reinl]
) [réal. Werner Klingler]
[réal. Paul May]
[réal. Hugo Fregonese & Victor de Santis]
[réal. Jesús Franco]
) [réal. Franz Marischka]
) [réal. Helmuth Ashley]
[réal. Eugenio Martin]
[réal. Wolfgang Schleif]
) [réal. Rudolf Zehetgruber]
) [réal. Rudolf Zehetgruber]
[réal. Hubert Frank]
[réal. Rudolf Zehetgruber]
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) [réal. Antonio Margheriti]
[réal. Antonio Margheriti]